(493)                           SOUS LE RÈGNE DE CHARLES VI.                              253
de Jérusalem. Alix de Cournon fut amene'e à Paris et incarcérée à la Conciergerie. Son procès se plaida au Parlement les 8 et 12 janvier i3g4; les arguments mis en avant par ses adversaires sont des plus curieux. On fit valoir qu'antérieurement à la naissance de François, Lambert de Goudet, en montant à cheval, se.blesça à V un des génitifs el en lit une grave maladie, pendant laquelle un chirurgien l'opéra si maladroitement qu'il tailla le bon génitif et le mauvais demoura, et par ce fu rendu inabile perpétué à engendrer. Par une bizarre coïncidence sa femme vint aussi à tomber malade et se fit mediciner tellement qu elle fut inabile à concevoir enfant. Toutes ces circonstances auraient entraîné Alix de Cournon à simuler une grossesse et à donner comme sien l'enfant d'une de ses suivantes, une demoiselle Claude Colom­bette. Hugues de Saint-Vidal avança même qu'Alix de Cournon était coutumière du fait, qu'elle avait abandonné son mari pour se livrer à la débauche dans son logis de l'Aiguille près du Puy-en-Velay, tr qu'elle avoit avec elle femmes dissolues, et fr estoit son hostel un lieu renommé où galans compaignons et compaignes, qui ttvouloient emploier leur jeunesse en gales et esbatemens, estoient bien venuz. » La dame de Goudet protesta contre ces allégations qu'elle traita de calomnieuses-et de mensongères, et demanda, comme tutrice de son fils, à conserver l'adminis­tration des biens du défunt. La Cour lui donna en quelque sorte gain de cause en déclarant, par un arrêt du 6 février i3g4, qu'en ce qui touchait François, elle suspendrait son jugement usque ad annos pubertatis, que provisoirement cet enfant conserverait la succession de feu messire Lambert, et qu'enfin la dame de Goudet serait rendue à la liberté. Le lendemain, Alix de Cournon fut élargie dans les limites du jardin de la Conciergerie, sous caution fournie par les seigneurs de la Chaise et de la Tour. A peu près à l'époque où s'instruisait au Parlement le procès eu supposition d'enfant intenté à Alix de Cournon, nous voyons cette noble châtelaine impliquée, avec un bourgeois du Puy nommé Andrieu Buisson et un certain Guillaume Comptour, dans une autre affaire soumise aux Réformateurs généraux, et dont la Cour ne voulut point connaitre; à la date du 19 décembre 1393, la dame de Goudet et consorts étaient pour ce fait détenus au Louvre. La mort de Hugues de Saint-Vidal apaisa le différend; le 12 août 1407, Alix c'e Cournon consentit, contre payement de 8oo francs, à se dessaisir en faveur de Gonnot de Saint-Vidal, fils de Hugues, des château et terre d'Eynac que son mari lui avait légués. Enfin moins d'un mois après la mort d'Alix, le i"1 mars i4io, ses exécuteurs testamentaires passèrent un accord avec Dalmas Olivier, curateur de Dragonnet de Saint-Vidal, petit-fils de Hugues, et se désistèrent de toutes pour­suites moyennant 4oo écus d'or.
Après ce qui s'était passé entre la dame de Goudet et sa fille Marquise, il n'est point surprenant de voir Alix de Cournon la déshériter en quelque sorte, en lui